Les AMAP un modèle de résilience
L’organisation de l’approvisionnement des villes est mise en tension par la crise sanitaire que nous vivons. Les marchés ouverts sont désormais interdits et les grandes et moyennes surfaces peinent à assurer la protection de leurs salarié.e.s et de leurs client.e.s.
Les longues queues devant Lidl, Leader Price ou Intermarché rappellent les images grises des Soviétiques avec leur cabas attendant des heures devant les boutiques dans les années 80.
Beaucoup d’AMAP ont perdu leur local au début de cette crise sanitaire, et se sont retrouvées en difficulté. Notre AMAP, le Champ de la Baleine a dû s’adapter aux mesures de confinement. Suite à la fermeture du Café Maya Angelou, qui nous accueillait jusqu’alors, il nous a fallu trouver un lieu de distribution alternatif.
Heureusement, la Mairie de Paris et Paris Habitat nous ont autorisé à poursuivre nos distributions au sein de la résidence Charenton-Erard. Pendant le confinement, les distributions se dérouleront au jardin partagé, tous les mercredis de 17h à 18h, en respectant scrupuleusement les mesures de sécurité suivantes :
- Clotilde Ghesquière, notre maraîchère (Bioverger de Rieux, dans l’Oise) et son équipe préparent les paniers en amont, ce qui évite la pesée et toute manipulation sur place.
- Les paniers sont regroupés et pris en charge par l’un des amapien.ne.s pour 2 ou 3 autres foyers, afin de diminuer le plus possible le nombre d’adhérents présents.
- Des créneaux horaires personnalisés évitent la file d’attente et une distance de 2 mètres doit être respectée.
- Les personnes présentant des symptômes sont invitées à rester chez elles, la livraison est alors assurée par un.e autre amapien.ne.
- Les deux personnes responsables de la distribution, ainsi que Clotilde portent des masques et des gants.
Le réseau des AMAP d’Ile-de-France a œuvré afin de soutenir auprès des autorités le modèle des AMAP, faisant valoir leurs besoins spécifiques. Grâce à cette action, la plupart des préfectures ont fini par autoriser les AMAP, qui ne sont pas des commerces au sens ordinaire ; et qui n’étaient pas explicitement autorisées par les mesures de confinement. Dans une période de crise sanitaire, et particulièrement depuis la fermeture des marchés ouverts, les paniers d’AMAP sont une ressource alimentaire précieuse.
Proximité, solidarité, entraide, convivialité, engagement, circuit court : ce ne sont pas des slogans, mais bien des réalités concrètes dont nous éprouvons l’efficacité en cette période de confinement. Les AMAP sont des expériences alternatives qui sont des sources d’inspiration, voire des modèles, pour la transition écologique.
Proximité et solidarité entre les amapien.nes et leurs productrices, que nous avions déjà éprouvées lorsqu’en octobre dernier l’exploitation de Clotilde a fait partie du périmètre impacté par les suies et fumées de l’incendie de Lubrizol à Rouen. La distribution avait été fortement perturbée pendant trois semaines, jusqu’à ce que les tests nous rassurent sur la qualité intacte des légumes. Cette première épreuve au moment du lancement de l’AMAP, a été l’occasion de nombreux échanges entre nous. Et nous avons su affirmer notre solidarité avec l’équipe du Bioverger de Rieux quand celle-ci se démenait pour remplir nos paniers de légumes stockés avant l’incendie, de jus de pommes et de confitures.
Aujourd’hui, l’entraide et l’engagement fonctionnent encore à plein régime pour que chacun se nourrisse bien en prenant le moins de risques possible. La convivialité est toujours au rendez-vous, mais à distance, notamment via le groupe WhatsApp.
La qualité des produits qui n’ont pas fait plus de 1000 kilomètres dans des camions réfrigérés pour arriver dans nos assiettes n’est plus à démontrer ; l’empreinte écologique moins lourde des circuits courts est aussi une idée qui fait son chemin… mais la crise sanitaire actuelle nous révèle un nouvel argument en faveur des AMAP : la réduction du risque épidémiologique.
Pour aller plus loin, des articles à lire : https://reporterre.net/Les-Amap-ilots-de-lien-social-dans-l-ocean-du-confinement
Lire l’article sur Bastamag : l’Alimentation en circuit court permet de s’approvisionner avec moins de risque de contagion
3 commentaires
Mojdeh TOFIGHI · 2 avril 2020 à 19 h 30 min
C’est grâce à notre équipe de choc organisateur, Sandrine et Manuel qui ont su comment gérer la distribution avec beaucoup d’intelligence!
Merci encore
Flo H · 2 avril 2020 à 20 h 21 min
Bravo à notre équipe de choc pour cette organisation, dans le respect de toutes les exigences sanitaires !
Françoise · 3 avril 2020 à 15 h 05 min
Merci Sandrine Merci manuel et toute l’équipe de nous avoir permis d’avoir des légumes bio !
Une belle organisation . J’ai même donné de la choucroute cuite à une de mes voisine, très contente !